Nous avons observé qu’il existait très peu de centres de recherche d’études féministes et de genre en Afrique francophone en comparaison à la multiplicité des centres of women and gender studies présents au sein des pays d’Afrique anglophone. Le faible nombre de ces centres de recherches ne fait que contribuer à la rareté des productions scientifiques francophones sur les femmes et le genre en Afrique au sein de l’espace académique.
C’est pour pallier à ce manque que la KIMPAVITA développe son laboratoire de recherche féministe. Nous souhaitons créer avec ce laboratoire un espace où les chercheurs et chercheuses issus des Suds puissent sortir de cet « Out of place » décrit par Hill Collins (1990). L’étude de la diversité des expériences féminines en Afrique sera placée au cœur de notre agenda.
Cette année, nous avons le plaisir de vous annoncer qu’Aissatou SECK, doctorante en Histoire Moderne et Contemporaine à l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar et ancienne lauréate de la bourse 2024, prend la tête du laboratoire de recherche de la KIMPAVITA. Elle sera en charge de la sélection de la prochaine lauréate et l’accompagnera tout au long de sa mission.
En 2025, la KIMPAVITA est fière de lancer une nouvelle bourse de recherche sur le thème :« Femmes, fonciers et luttes pour la préservation d’une agriculture endogène en Afrique de l’Ouest francophone ». Cette initiative s'inscrit dans la continuité de la première bourse lancée en 2024, visant à combler le manque de recherches sur l’histoire et la place des femmes africaines en Afrique de l’ouest francophone.
L’historiographie du foncier en rapport avec l’agriculture en Afrique a très peu fait part durôle de la femme dans les luttes pour l’accès à la terre. De plus en plus, cette problématique est adressée en montrant les difficultés voire l’exclusion des femmes à disposer des terres agricoles. Pour comprendre les sources de ce problème, il nous paraît important de nous projeter dans la longue durée afin d’identifier les facteurs qui ont contribué à exclure davantage les femmes dans la gestion foncière.
En Afrique de l’Ouest, la colonisation a transformé le paysage de l’agriculture ouest-africain avec l’installation de la France à partir de la seconde moitié du XIXème siècle. Elle a dépossédé les populations locales notamment les femmes de leurs vastes étendues de terres en les déplaçant ou en les forçant à pratiquer des cultures de rentes (arachides au Sénégal, cacao en Côte d’Ivoire etc.). Ces pratiques ont relégué l’agriculture vivrière pourtant importante pour l’alimentation au second plan. Cette colonisation agricole s’est renforcée avec la mise en valeur des terres imposée et entretenue par le projet colonial français à partir des années 1850 (George Hardy : 1921) instaurant ainsi un déséquilibre et un changement de la condition des agricultrices (Coquery-Vidrovitch : 2013). Ainsi des formes de luttes et des résistances féminines ont été souvent développées de part et d’autre pour s'opposer à l'expropriation dont elles font objet. En tant que détentrices et conservatrices de connaissances et de techniques culturales mais également des propriétaires agricoles, les femmes ont, depuis des siècles, contribué à la préservation des systèmes agraires endogènes.
Toutefois, les réflexions et productions scientifiques restent encore limitées pour la mise en lumière de cette dimension genrée de l’agriculture en Afrique de l’ouest. Pour contribuer à combler cette insuffisance, le laboratoire KIMPAVITA lance un appel à candidature pour octroyer une bourse de recherche sur les luttes des femmes dans la préservation d’une agriculture endogène en Afrique de l’ouest francophone.
Les candidat·e·s doivent :
- Avoir une formation en sciences humaines et sociales (histoire et/ou études africaines)
- Être inscrit·e·s au sein d'un établissement universitaire en Afrique
- Avoir obtenu un diplôme universitaire de deuxième cycle dans un établissement d'enseignement supérieur d'État ou reconnu par l'État
- Être ressortissant·e d'un pays africain
- Présenter un projet fondé sur un travail de terrain personnel
- Les projets peuvent être rédigés en français ou en anglais
Les candidatures féminines sont fortement encouragées.
La sélection se fera en fonction de la pertinence du projet d’étude qui devra explorer :
- La manière dont les femmes ont influencé et participé aux dynamiques agricoles, notamment les pratiques et normes endogènes de préservation agricole en Afriqued e l’ouest-francophone ;
- Les pratiques et les stratégies qui ont permis aux femmes de préserver l’agriculture face aux défis environnementaux ;
- Les impacts des politiques coloniales agricoles sur les femmes ;
- Le projet devra également contribuer à une meilleure compréhension des dynamiques de genre dans le contexte agricole en montrant les débats académiques produits sur la question.
Un seul projet sera financé.
Un montant de 4000$ sera attribué au·à la lauréat·e de la bourse.
Le·la boursier·e devra fournir un rapport détaillé sur la mise en œuvre de la recherche et ses résultats. Il·elle devra également présenter ses résultats lors des journées de conférences et d’exposition de la KIMPAVITA en novembre 2025 (la date est sujette à modification). Il est également attendu du boursier ou de la boursière que ces résultats soient par la suite publiés dans une revue scientifique à comité de lecture.
- Curriculum Vitae (et liste des publications les cas échéants)
- Deux lettres de recommandation de professeur·es d’université ainsi que les références des deux professeur·es
- Les copies des diplômes/certificats universitaires
- Une description détaillée du projet de recherche comprenant également la mise en œuvre prévue (organisationnelle) de la recherche
- Un calendrier détaillé des travaux de recherche prévus
- Date limite de soumission : 21 février 2025
- Annonce des résultats : 31 mars 2025
- Pour toutes questions concernant la procédure de candidature, veuillez écrire à laboratoire@kimpavitadkr.com
- Pour postuler, veuillez envoyer votre candidature à laboratoire@kimpavitadkr.com
